Breaking news sur David Bowie
L’information en continu entraine un climat d’hystérie médiatique, qui fait que les chaines, les journalistes sont sur le qui-vive, sur les nerfs. Ils adorent ça.
En effet, cela les valorise, donne de l’audience et surtout les sort de leur routine de leur ennui, train-train où de moins en moins de personnes ne les regardent. Et les nombreuses émissions sur les médias, en parleront.
Alors lorsque le 11 septembre survient ou les attentats contre Charlie ou le 13 novembre… tel événement imprévu. Ils sont sur les dents, il y a enfin un vrai sujet fort à traiter. Tous rappliquent à la rédaction, appel de leur vacances, se mettent cul par dessus tête. On bouleverse la une, l’antenne, rien ne va plus, on va partir en live, on va casser l’antenne ; on casse les nouvelles. C’est le breaking news.
Et ensuite lorsque que le train-train réapparaitra, on se réennuira. Alors pourquoi ne pas deven ir dingue et faire tout le temps, de la breaking news ?
Les journalistes, plutôt les ténors de l’info, sont comme des drogués de l’antenne. Au moindre coup, ils rappliquent, se dévouent, téléphone de leur vacances, leur but est d'être à l’antenne, qu’on les regarde en continu.
Alors Bowie meurt. Patatras ! C'est l'occasion. Tout le monde part en vrille, c’est le breaking news, le type à la régie envoie en fond, n'importe quoi de Ziggy Stardust, cela n'a pas d'importance. Ils courent dans les couloirs pour des éléments biographiques, toutes les émissions en parlent, même le tirage du loto qui rend hommage à David Bowie. On s’interpelle d’émissions en émissions, vous aussi étiez-vous fan ? On était tous fan obligatoirement, micro trottoir : la constatation est là : « on aimait bien David Bowie ». Même les jeunes. Et les vieux, de droite, de gauche ; même les sourds aimaient bien ses photos. L’on repasse un bout d’interview, la première image que l'on trouve, c'est un cliché. Et pendant trois jours, les allusions pleuvent. Il ne s’en trouve pas un qui suggère qu’après deux jours, ça commence à bien faire. Non, la breaking-news permanente, comme la révolution doit être permanente !
Prenez garde : si le même jour, Jacques Chirac, Johnny Halliday et Charles Aznavour meurt en même temps, tout le monde va péter les plombs. Ce sera la breaking-France de masse.
Voir la très bonne série News Room, d’Aaron Sorkin,